Le Visiteur

Éric-Emmanuel Schmitt

mardi 4 avril 2023

Théâtre

  • 20h00

  • Théâtre L'Hermine

1h35

Tarif B de 35€ à 10€

Dieu et Freud doivent avoir énormément de choses à se dire puisqu’ils ne sont d’accord sur rien...

DISTRIBUTION

DE

Éric-Emmanuel Schmitt

 

MISE EN SCÈNE

Johanna Boyé

 

AVEC

Sam Karmann, Franck Desmedt, Katia Ghanty, Maxime de Toledo

 

Un spectacle présenté par Atelier Théâtre Actuel en coproduction avec le Théâtre Rive Gauche, avec le soutien de L’Athénée - Le Petit Théâtre de Rueil et du SEL à Sèvres

LE SPECTACLE

Vienne 1938 : les nazis ont envahi l’Autriche et persécutent les Juifs. Par optimisme, Sigmund Freud ne veut pas encore partir ; mais en ce soir d’avril, la Gestapo emmène Anna, sa fille, pour l’interroger. Freud, désespéré, reçoit alors une étrange visite. Un homme en frac, dandy léger, cynique, entre par la fenêtre et tient d’incroyables discours... Qui est-il ? Un fou ? Un magicien ? Un rêve de Freud ? Une projection de son inconscient ? Ou bien est-il vraiment celui qu’il prétend être : Dieu lui-même ? Comme Freud, chacun décidera, en cette nuit folle et grave, qui est le visiteur... ?

 

Spectacle disponible sur le dispositif pass Culture

À PROPOS

 

Note de mise en scène
 

Le Visiteur d’Eric-Emmanuel Schmitt est une pièce qui m’a fortement marquée, lorsque je l’ai vue adolescente. C’est un des textes qui m’a donnée envie de faire du théâtre et de devenir un jour metteur en scène. C’est un honneur pour moi de le mettre en scène aujourd’hui. La force du texte d’Eric-Emmanuel Schmitt repose sur la question existentielle et philosophique qu’il soulève et sur le duo extraordinaire qu’il convoque : si Dieu existe, comment peut-il laisser les guerres éclater ? Les atrocités telles que le nazisme se perpétrer ? Si Dieu est tout puissant, comment se peut-il qu’il n’intervienne pas pour rétablir la paix entre les hommes ? Tant de questions qui se posent fatalement à nous, un jour, et qui continueront longtemps de créer débats et discussions, d’où que nous soyons. La pièce démarre peu après l’invasion de l’Autriche par les troupes hitlériennes, en 1938. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Freud est déjà malade d’un cancer de la gorge, vieilli et affaibli. Il est harcelé par un nazi qui le malmène, et qui lui exhorte de l’argent. Or, son statut, sa notoriété, lui offre la possibilité de fuir le nazisme et de s’exiler à Londres. Mais ce départ, cette protection, il ne peut l’obtenir qu’en signant un certain laissez-passer, qui garantit le bon traitement des nazis à son égard. Freud doit faire un choix auquel il ne réussit pas à se résoudre. Signer le laissez-passer, corrompre son intégrité, fuir pour être libre, ou bien ne pas signer le laissez-passer, sauver sa dignité, mais rester prisonnier de l’étoile jaune et risquer d’être emmené dans les camps. Freud, dans la plus grande des solitudes, se retrouve face à lui-même, devant un choix complexe, une impasse. Or, c’est cette nuit-là qu’un visiteur s’introduit chez lui, comme par enchantement. Cette étrange apparition ne va cesser de se jouer de lui, de le déstabiliser. Et plonge le spectateur dans le même désarroi que Freud. Sommes-nous face à Walter Oberseit, un fou échappé de l’asile ? Face à Dieu lui-même ? Ou bien face au Diable ? Pendant toute la pièce, il s’agit de jouer avec cette situation invraisemblable, de balader le spectateur, pour ne jamais lui laisser entrevoir l’identité réelle du visiteur. Le mystère doit rester entier. Une nuit énigmatique La pièce se déroule en une nuit, dans le bureau de Freud. Rideaux, fenêtres, bibliothèques, divan, vont constituer cet espace conçu comme le cabinet de curiosités de l’éminent psychanalyste. Les apparitions, et disparitions, du visiteur, l’opacité, la transparence des rideaux et des panneaux, créeront un subtil jeu de mystère et renforceront cette présence énigmatique. Sommes-nous dans un rêve de Freud ? Dans un dialogue avec lui-même, avec son propre inconscient ? Ou bien sommes-nous dans une hallucination passagère ? Cette nuit recèle un parfum d’invraisemblable et de magie. Il s’agit donc de créer une atmosphère onirique. La magie nouvelle nous permettra de créer des instants suspendus, merveilleux. Le son, la lumière, accompagneront et participeront à créer cette atmosphère mystérieuse. La tension, le suspens de la pièce, doit être palpable et tenir en haleine le public. L’atmosphère proche du « thriller psychologique » s’inspire du cinéma dans son traitement, et est tenue par les rebondissements que la présence du Nazi, et la signature du laissez-passer induisent. Le dialogue, la joute entre le visiteur et Freud, nous plongent dans une lutte symbolique, une plaidoirie magnifique, un débat éthique, entre deux visions du monde qui s’opposent.

Johanna Boyé